vendredi 17 juin 2011

Travailler est un arrachement

Quelquefois, travailler est un véritable arrachement. Je n'ai personne pour me l'imposer, ni bureau, ni ambiance de travail pour me stimuler et une satisfaction plutôt relative. Alors pour rester concentrée, pour m'y plonger, je dois m'extirper de la langueur et de l'errance de mon esprit. Capturer mes pensées pour les enfermer dans le travail, leur interdire de s'éparpiller. Et c'est sans doute le plus dur, ce qui prend le plus de temps : se mettre au travail. Une fois que l'on a démarré, les choses s'organisent naturellement, il nous emporte et capte nos pensées.
Mais ces longues heures d'errance m'épuisent et m'abattent. Je regarde mon écran d'ordinateur, mes papiers, mes carnets et je me sens vidée, sans énergie, sans volonté. J'entends seulement cette petite voix qui me dit de me mettre au travail, qui me rappelle que si je ne travaille pas, je ne gagne pas d'argent, et m'immobilise, me pétrifie au lieu de m'encourager. J'ai bien trouvé un ou deux antidotes, mais il me reste à les apprivoiser eux-aussi.

dimanche 12 juin 2011

La vie n’est qu’une recherche de doudous

Il y a quelques jours, Pit et moi avons fait notre première sortie ensemble au Mcdo. Et tout en se recouvrant les mains de graisses, nous nous sommes dit que le Mcdo, c’est de la bouffe-doudou. Rassurante, accessible, sucrée, douce. Comme les bonbons ou le chocolat d’ailleurs, ou les trucs qu’on mangeait enfant. Tout peut mal tourner, il restera toujours le McChicken et les potatoes.

Les jours suivants, j’ai réfléchi à cette idée et je me suis dit qu’en réalité, il ne s'agit pas que du Mcdo et des bonbons : toute la vie n’est qu’une incessante recherche de doudous. Le passé de Pit est son doudou, mes blocages et l’ignorance de leurs causes sont mes doudous. C’est tellement plus rassurant de s’y reposer, d’en faire des certitudes, des irrévocabilités comme le mcdo, plutôt que lutter contre eux ou de les quitter, d’affronter la nouveauté, l’étranger, le hors-soi. Je crois que ce à quoi on aspire en grandissant et en allant mieux, ce n’est pas à abandonner nos doudous, ni à en trouver de meilleurs, de plus tangibles ou plus actuels, mais c’est à devenir nous-mêmes nos propres doudous.

lundi 6 juin 2011

Il est temps de partir

Il y a un mois, Pit m'a emmenée passer une nuit dans une cabane dans un arbre. C'était magique.

Les retours à Paris me sont chaque fois plus difficiles, un arrachement à la douceur, un plongeon dans un bain d'épines. Comme si j'étais déjà partie, ces derniers jours étaient propices au bilan. Un bilan d'une couleur pastel un peu moche, teinté de mélancolie. Qui dit il est temps de partir, ici, tu ne cherchais pas les bonnes choses. Et celles dont tu croyais te débarrasser la première fois, elles sont toujours là parce qu'elles sont en toi.
Avec les autres, je flotte, mais pas comme un fantôme fluet, je flotte lourdement, je retombe à chaque instant. Je ne suis plus là avec vous, je suis par terre, sous vos pieds et je me demande comme faire pour que vous me voyiez là où je suis, et pas que mon ombre qui se reflète au-dessus de vous.

Je crois qu'on finit par aimer nos inaptitudes, qu'on a besoin de s'enorgueillir de ce que l'on n'arrive pas à faire pour s'en sortir sans. Mais quelquefois, je doute de moi et j'en viens à envier l'aisance des autres, leur facilité à être ensemble, à se parler, à exister au sein du groupe.

La difficulté à se mêler au groupe passe toujours pour du mépris, même aux yeux de ceux qui devraient bien nous connaître. C'est un constat d'échec : on ne pourra jamais vraiment se comprendre. Et c'est si triste.